la60 - L'Atelier monétaire de Poissy de 1922 à 1927 LE FLOCH Jean

Une étude complète de l'atelier monétaire de Poissy qui, de 1922 à 1927, frappa de nombreuses monnaies tant pour la France Métropolitaine que pour les colonies, mais aussi pour de nombreux pays étrangers. Une étude fouillée apportant un nouvel éclairage sur l'un des ateliers des plus méconnus.
Un modèle d'étude qui, nous le souhaitons, se généralisera à nos nombreux et trop ignorés ateliers nationaux..

Jean Le Floch, Éléments de numismatique, L'atelier monétaire de Poissy (Seine-et-Oise) de 1922 à 1927, Cercle d'Études Historiques et Archéologiques de Poissy (CEHA), Poissy 2006, broché, couverture souple, 19 x 26, 240 pages, nombreuses illustrations en couleurs. Tirage : 3.000 ex. Prix : 30 € (+ 5 € port). Code : La60

Jean Le Floch (ADF 522) vient de nous faire parvenir son ouvrage et c'est avec un vif plaisir que j'en rends compte : et ce pour plusieurs raisons. Nous avons enfin une monographie sur cet atelier méconnu de l'entre deux guerres. Son auteur, outre qu'il fait partie des Amis du Franc œuvre depuis longtemps dans le mouvement associatif et local. Enfin son ouvrage dépasse largement le cadre numismatique pour trouver une dimension sociale et intergénérationnelle.
Pendant cinq ans de 1922 à 1927, l'atelier de Poissy, ou plutôt la Société Française de Monnayage (SFM) dont le siège social était situé à Paris, 11 bis, rue de Roquépine, puis 28 rue de Madrid Paris VIIIe a frappé monnaie, sous le contrôle de l'Administration des Monnaies et Médailles du 11 quai de Conti, Paris VIe, au 46 boulevard de Maisons à Poissy (aujourd'hui boulevard Robespierre). Entre 1922 et 1927, plus de 650 millions de monnaies et de jetons furent fabriqués dans cet atelier pour la France, Monaco, l'Indochine, le Maroc, le Gabon, le Moyen-Congo, mais aussi et on le sait moins pour la Grèce, la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie et l'Uruguay, dans le crépuscule de ce que fut l'Union Latine.
Le livre de Jean Le Floch n'est pas seulement la chronique journalière de la vie de cet atelier. Jean Le Floch a essayé de vulgariser la Numismatique et de définir le rôle de la Monnaie dans l'Histoire des origines à l'Euro, le tout dans les soixante premières pages. Ce ne peut être qu'un survol, mais nécessaire pour ceux qui ouvriront avec ce livre, pour la première fois, un ouvrage de Numismatique, je veux dire consacré à la monnaie.
Jean Le Floch, né à Poissy en 1947, reste un pisciacais (je l'ai appris en lisant l'ouvrage) et ne pouvait pas raconter l'histoire de l'atelier sans étudier celle de sa ville depuis les origines, rappeler son rôle et qu'elle est le lieu de naissance de Louis IX, plus connu sous le nom de Saint-Louis. Là encore, nous n'avons qu'un survol de cette cité des Yvelines, mais qui donne envie de la découvrir et dépasser l'idée que souvent nous nous en faisons, à l'image de Boulogne-Billancourt pour Renault, de la ville siège des usines Simca, devenues Peugeot.
Ce que peu de gens savent, c'est que Poissy fut un atelier monétaire dès la fin de l'époque carolingienne. En tant que membre du CEHA, Jean Le Floch évoque les monnaies antiques (romaines) ou royales qui ont été trouvées sur le territoire de Poissy, sans oublier les méreaux de la collégiale Notre-Dame de la période médiévale. Plusieurs monnaies de nécessité furent frappées en 1918 pour suppléer à la circulation monétaire (5, 10 et 25 centimes), sans oublier les jetons du groupement des commerçants et le jeton privé des cantines scolaires, bon pour un repas. Jean Le Floch évoque aussi toutes les médailles ou badges qui ont trait à la vie de Poissy jusqu'aux Euros temporaires émis en 1998.
Mais la deuxième et plus importante partie de l'ouvrage est bien sûr consacrée à la naissance, la vie et la disparition de l'atelier de Poissy. Jean Le Floch, dans ce chapitre ne s'est pas seulement intéressé à la typologie ou à la production monétaire mais a abordé tous les aspects du quotidien de l'atelier, " une tranche de vie ". L'auteur mélange et associe tous les types de documents pour ressusciter cet atelier supplétif, mais combien important pour les habitants de la cité. Nous découvrons même avec une certaine mélancolie les cartes postales de l'histoire de la SFM. Au fil des pages, nous suivons les vicissitudes de l'atelier qui disparut définitivement le 31 décembre 1927. L'auteur a retrouvé la trace des fameux essais de flans et de presses monétaires. Il donne aussi les photos de l'emplacement des locaux et les plans de l'atelier jusqu'à l'émouvante photo de l'équipe de l'outillage.
Chaque page nous permet de rencontrer un pan de l'histoire locale, de la vie quotidienne, de l'histoire d'une administration, d'une Nation. C'est un grand et beau livre qu'il faudra placer à côté de votre FRANC, car il est humain et que la numismatique, ce n'est pas seulement qu'une histoire de " gros sous ", mais aussi la vie de tous les jours et de tous les gens.
Dernier point, pour les collectionneurs, grâce à des tableaux clairs et colorées, vous retrouverez toutes les productions de l'atelier et même un indice de rareté. Un glossaire et une bonne bibliographie viennent compléter l'ouvrage.
Au fait, à Poissy, c'est un éclair qui était le différent particulier de l'atelier, un signe. En tout cas, vous ne devriez plus jamais regarder vos pièces à trous (5 et 10 centimes de Lindauer entre 1922 et 1924) ni les autres, avec le même œil.

Laurent Schmitt - Bulletin Numismatique n°27 - Novembre 2006
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