locc23247 - Magie noire. Chronique du XXe siècle MORAND, PAUL
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Auteur : MORAND, PAUL
Editeur : Bernard Grasset 61, rue des Saints-Pères
Etat du livre : Livre ancien en bon état de conservation
Langue : français
Caractéristiques : Paris, 1928, broché, double couverture crème et vert impr. noir et vert, in-12 de 303 pp.
Poids : 525 g.
Commentaire
De la collection " Les Cahiers verts " publiés sous la direction de Daniel Halévy (1), premier cahier de la troisième série. " Édition originale, dans la collection des Cahiers verts, de ce recueil de 8 nouvelles, situées dans les Antilles, aux États-Unis et sur le continent africain. "
Table :
Avant-Propos (p.7).
I. - Antilles.
1. - Le Tzar noir (p.13).
II. - États-Unis d'Amérique.
1. - " Congo " (p.75).
2. - Charleston (p.109).
3. - Excelsior (p.139).
4. - Syracuse ou l'homme-panthère (p.163).
III. - Afrique.
1. - Adieu, New-York ! (p.189).
2. - Le peuple des Etoiles filantes (p.241).
3. - La chèvre sans cornes (p.279).
" IV. Dans son palais aux tours de terre séchée, le roi Mongkoû rend la justice, assis sur son trône fait d'une panthère en bois blanc, ocellée au fer chaud. Les murs de la salle d'audience sont décorés de crânes d'antilopes, de photographies d'actrices parisiennes ou d'hommes-volants ; derrière le souverain, son portrait en pied par un élève des Beaux-Arts, boursier des Colonies. Bien que ce dédoublement immédiat de l'homme et de son image inquiète et fatigue l'oeil, on peut maintenant, face à face, contempler le prince. Sa figure est plus grosse qu'aucune de celles qu'on a jamais vues. C'est un cerceau obscur, où la bouche fait une déchirure unique. Le fond de ses yeux, que ferment des bourrelets de graisse, le révèle cruel, intelligent, rusé. Son souffle est court et le coeur, pompe affaiblie, ne suffit plus à refouler le flux du sang au fond d'un corps endormi. Ses lèvres s'ouvrent sur peu de mots mais s'écartent souvent au passage des pots de bière de mil. Le protocole, seul, lui impose ces litres de boisson fermentée, ces excès de table et de nuit ; la coutume veut que celui que le peuple a élevé soit ainsi rabaissé, roi fainéant. Dans sa robe de velours violet, du même violet que les chasubles de Carême, ce tyran ressemble à un prêtre de messes noires. Il n'a que l'appareil de la toute-puissance. Propriétaire virtuel de ce désert où le sol ne vaut rien, dans son château-fort de torchis où, la nuit, sur les terrasses, à l'abri du lion, dorment les chèvres, il n'est que le dernier vestige d'une grande dynastie nègre qui, jadis, régna de Tombouctou à Séville. Aujourd'hui il vit dans son trou, isolé, si l'on peut dire, parmi ses deux cents femmes et ses dix-huit cents enfants, défendu par deux vieux canons de fer, cravatés d'amulettes koraniques. " (Paul Morand, Magie noire, p. 289-290)
" Première édition de ce choix. Ce recueil contient : Avant-Propos (p.7). " (Talvart et Place)
" 1895. - Charles, notre jardinier de Ris-Orangis, me montre le supplément illustré du Petit Journal sur lequel un soldat, coiffé d'un casque en pain de sucre, tue des Malgaches. Entrée des Français à Tananarive. Premiers souvenirs d'enfance. 1902. - On me conduit au nouveau Cirque. Cake-walk. Un couple de nègres américains endimanchés, tenant à la main le bouquet de l'Olympia, cabrés, font irruption dans le XXe siècle. 1914. - Septembre, 9 heures du soir. Les tirailleurs sénégalais descendent le boulevard Saint-Michel. Direction : la Marne. 1916. - Septembre. Toute une soirée, un homme à l'accent créole, à la voix sourde comme celle d'un récitant de Conrad, me révèle la poésie des Antilles, la noblesse du rhum : c'est Saint Léger Léger. 1919. - Darius Milhaud arrive du Brésil. Il décrit Bahia, la Rome noire, me joue de ces sambas nègres qui serviront bientôt à la musique de son Boeuf sur le Toit. 1920. - Je rentre en France. Dans les bars d'après l'armistice. Le jazz a des accents si sublimes, si déchirants que, tous, nous comprenons qu'à notre manière de sentir, il faut une forme nouvelle. Mais le fond ? Tôt ou tard, me disais-je, nous devons répondre à cet appel des ténèbres, aller voir ce qu'il y a derrière cette impérieuse mélancolie qui sort des saxophones. Comment rester sur place, tandis que le temps glacé fond entre nos mains chaudes ? En route. 1925. - Djibouti. 1927. - La Havane, La Nouvelle-Orléans, La Floride, la Géorgie, la Louisiane, la Virginie, les Carolines, Charleston, Harlem. 1927. - La Guadeloupe, la Martinique, Trinidad, Curaçao, Haïti, la Jamaïque, Cuba, Alabama, Mississipi. 1928. - Dakar, la Guinée, le Fouta-Djalon, le Soudan, le Sud du Sahara, le Niger, Tombouctou, le pays Mossi, la Côte d'Ivoire. 50.000 kilomètres. 28 pays nègres. (Paul Morand, Magie noire, Avant-Propos)
" Huit nouvelles. Trois régions : les Antilles, l'Afrique, les États-Unis. Un jeune garçon qui rêve de devenir le Lénine de son peuple fait un coup d'état à Haïti. Combien de temps durera sa dictature ? Une danseuse afro-américaine est initiée aux pratiques vaudous dans le Harlem des années 1920. Survivra-t-elle ? La dépouille du roi d'un pays d'Afrique disparaît. Une malédiction ? Dans ces récits où le fantastique le dispute à l'érotisme, où un style virtuose transfigure les mytthes d'une des plus anciennes civilisations du monde, Paul Morand rend hommage au génie de la culture noire. " (Source : Grasset)
[édition originale, first edition, erste Ausgabe, prima edizione, primera edición]
1/62 premiers exemplaires sur Madagascar, numérotés Madagascar 1 à 50 et I à XII
[Achevé d'imprimer le 12 juin 1928 par F. Paillart à Abbeville (Somme)]
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Table :
Avant-Propos (p.7).
I. - Antilles.
1. - Le Tzar noir (p.13).
II. - États-Unis d'Amérique.
1. - " Congo " (p.75).
2. - Charleston (p.109).
3. - Excelsior (p.139).
4. - Syracuse ou l'homme-panthère (p.163).
III. - Afrique.
1. - Adieu, New-York ! (p.189).
2. - Le peuple des Etoiles filantes (p.241).
3. - La chèvre sans cornes (p.279).
" IV. Dans son palais aux tours de terre séchée, le roi Mongkoû rend la justice, assis sur son trône fait d'une panthère en bois blanc, ocellée au fer chaud. Les murs de la salle d'audience sont décorés de crânes d'antilopes, de photographies d'actrices parisiennes ou d'hommes-volants ; derrière le souverain, son portrait en pied par un élève des Beaux-Arts, boursier des Colonies. Bien que ce dédoublement immédiat de l'homme et de son image inquiète et fatigue l'oeil, on peut maintenant, face à face, contempler le prince. Sa figure est plus grosse qu'aucune de celles qu'on a jamais vues. C'est un cerceau obscur, où la bouche fait une déchirure unique. Le fond de ses yeux, que ferment des bourrelets de graisse, le révèle cruel, intelligent, rusé. Son souffle est court et le coeur, pompe affaiblie, ne suffit plus à refouler le flux du sang au fond d'un corps endormi. Ses lèvres s'ouvrent sur peu de mots mais s'écartent souvent au passage des pots de bière de mil. Le protocole, seul, lui impose ces litres de boisson fermentée, ces excès de table et de nuit ; la coutume veut que celui que le peuple a élevé soit ainsi rabaissé, roi fainéant. Dans sa robe de velours violet, du même violet que les chasubles de Carême, ce tyran ressemble à un prêtre de messes noires. Il n'a que l'appareil de la toute-puissance. Propriétaire virtuel de ce désert où le sol ne vaut rien, dans son château-fort de torchis où, la nuit, sur les terrasses, à l'abri du lion, dorment les chèvres, il n'est que le dernier vestige d'une grande dynastie nègre qui, jadis, régna de Tombouctou à Séville. Aujourd'hui il vit dans son trou, isolé, si l'on peut dire, parmi ses deux cents femmes et ses dix-huit cents enfants, défendu par deux vieux canons de fer, cravatés d'amulettes koraniques. " (Paul Morand, Magie noire, p. 289-290)
" Première édition de ce choix. Ce recueil contient : Avant-Propos (p.7). " (Talvart et Place)
" 1895. - Charles, notre jardinier de Ris-Orangis, me montre le supplément illustré du Petit Journal sur lequel un soldat, coiffé d'un casque en pain de sucre, tue des Malgaches. Entrée des Français à Tananarive. Premiers souvenirs d'enfance. 1902. - On me conduit au nouveau Cirque. Cake-walk. Un couple de nègres américains endimanchés, tenant à la main le bouquet de l'Olympia, cabrés, font irruption dans le XXe siècle. 1914. - Septembre, 9 heures du soir. Les tirailleurs sénégalais descendent le boulevard Saint-Michel. Direction : la Marne. 1916. - Septembre. Toute une soirée, un homme à l'accent créole, à la voix sourde comme celle d'un récitant de Conrad, me révèle la poésie des Antilles, la noblesse du rhum : c'est Saint Léger Léger. 1919. - Darius Milhaud arrive du Brésil. Il décrit Bahia, la Rome noire, me joue de ces sambas nègres qui serviront bientôt à la musique de son Boeuf sur le Toit. 1920. - Je rentre en France. Dans les bars d'après l'armistice. Le jazz a des accents si sublimes, si déchirants que, tous, nous comprenons qu'à notre manière de sentir, il faut une forme nouvelle. Mais le fond ? Tôt ou tard, me disais-je, nous devons répondre à cet appel des ténèbres, aller voir ce qu'il y a derrière cette impérieuse mélancolie qui sort des saxophones. Comment rester sur place, tandis que le temps glacé fond entre nos mains chaudes ? En route. 1925. - Djibouti. 1927. - La Havane, La Nouvelle-Orléans, La Floride, la Géorgie, la Louisiane, la Virginie, les Carolines, Charleston, Harlem. 1927. - La Guadeloupe, la Martinique, Trinidad, Curaçao, Haïti, la Jamaïque, Cuba, Alabama, Mississipi. 1928. - Dakar, la Guinée, le Fouta-Djalon, le Soudan, le Sud du Sahara, le Niger, Tombouctou, le pays Mossi, la Côte d'Ivoire. 50.000 kilomètres. 28 pays nègres. (Paul Morand, Magie noire, Avant-Propos)
" Huit nouvelles. Trois régions : les Antilles, l'Afrique, les États-Unis. Un jeune garçon qui rêve de devenir le Lénine de son peuple fait un coup d'état à Haïti. Combien de temps durera sa dictature ? Une danseuse afro-américaine est initiée aux pratiques vaudous dans le Harlem des années 1920. Survivra-t-elle ? La dépouille du roi d'un pays d'Afrique disparaît. Une malédiction ? Dans ces récits où le fantastique le dispute à l'érotisme, où un style virtuose transfigure les mytthes d'une des plus anciennes civilisations du monde, Paul Morand rend hommage au génie de la culture noire. " (Source : Grasset)
[édition originale, first edition, erste Ausgabe, prima edizione, primera edición]
1/62 premiers exemplaires sur Madagascar, numérotés Madagascar 1 à 50 et I à XII
[Achevé d'imprimer le 12 juin 1928 par F. Paillart à Abbeville (Somme)]
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