locc23248 - Mon compagnon de songes BOSCO, HENRI
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Auteur : BOSCO, HENRI
Editeur : Gallimard
Etat du livre : Livre ancien en bon état de conservation
Langue : français
Caractéristiques : Paris, 1967, broché, couverture à rabats, in-8 de 292 pp.
Poids : 415 g.
Commentaire
L'ouvrage est dédié : " A Grand-Mère Louise in Memoriam "
Table :
Vers ma quinzième année. (p.11).
Viatiques… (p.15).
Un train… (p.28).
La nuit de Vénoves. (p.43).
La maison Lopy. (p.99).
Roqueselve. (p.191).
Fumées domestiques. (p.263).
" J'ai raconté en trois volumes pas mal de souvenirs d'enfance dont personnages et événements sont authentiques. Et puis, j'ai décidé que je m'en tiendrai là. Devant mon adolescence vécue, j'ai dit non. À quoi bon en parler ?... Elle a été banale. Je n'y retrouve rien qui puisse m'émouvoir l'esprit, me troubler le coeur. C'est le vide. Mais voilà ! Malgré tout, un vide attire, même banal. C'est pourquoi à la fin j'ai eu envie de continuer à parler, fût-ce d'adolescence... Ne pouvant tirer de la mienne rien qui fût animé du moindre sortilège, je m'en suis inventé une autre. J'ai imaginé une adolescence à mon goût, sans doute celle des désirs profonds. Ainsi mon compagnon de songes c'est moi, moi tout de même, moi toujours affrontant d'étranges aventures qu'à quinze ans je n'ai pas connues mais que je viens de connaître... Henri Bosco. " (Source : Gallimard)
" L'autre mur, comme tant de murs, m'avait attiré par ses propres richesses, sa végétation, ses bêtes, ses pierres. Si celui-ci avait aussi les siennes, son attrait provenait surtout de ce qu'il me cachait. Et c'était un attrait plus fort. Sur sa paroi un lierre noir avait sauvagement multiplié et enfoncé ses branches. Elles l'étouffaient. On n'y voyait plus une pierre, mais ces rameaux nerveux, ce feuillage clos. Il était d'une hostilité inexorable. La plante s'y montrait plus dure que la pierre. Pour que pût exister un tel obstacle, il fallait qu'une volonté humaine y eût mis la main. Il semblait incroyable même qu'on pût, en s'aidant de ces branches, se hisser jusqu'au faîte. Et j'imaginais de longs serpents noirs immobiles au fond des feuillages. Cette image me glaçait le sang. Je me disais : " C'est un mur de malédiction. " Il m'attirait quand même. Que dis-je ? Il m'attirait à cause de cela... Je pensais : " S'il est si hostile c'est qu'il garde quelque trésor. " A l'âge que j'avais, je croyais encore un peu aux trésors sur lesquels veillent, nuit et jour, des monstres assoupis mais qu'un rien peut tirer de leur sommeil... Le mur était ce monstre. Il me faisait peur. Et j'avais cependant envie de le franchir. Telle est ma nature. Elle est à la fois craintive et curieuse. Dès que j'ai peur, je marche vers ma peur aussi vite que possible et tout droit. Étrange besoin de la tirer au clair pour qu'elle cesse, mais elle ne cesse jamais, et j'avance quand même. Ce n'est pas du courage - car j'en ai peu - mais la poussée d'une force profonde à laquelle je cède. Tout d'abord je commence par rêver. J'imagine des dangers obscurs. J'en soupçonne tant et de si étranges que je n'oserais pas les affronter si cette rêverie en s'approfondissant n'emplissait bientôt ma pensée jusqu'à y abolir toute idée raisonnable. C'est alors que surgit en moi ce monde intérieur qui sommeille sous les banalités de ma vie mentale ordinaire, et si je ne sais d'où il monte, il faut bien que ce soit de l'ombre, là où s'alimente en secret, dans les mystères de mon sang, cette puissance qui à tous moments peut substituer aux objets concrets qui m'entourent un monde fluide et fascinant qui, parmi les songes qu'il crée, fait aussi de moi une sorte de songe. " (Henri Bosco, Mon compagnon de songes, p.144-145)
[édition originale, first edition, erste Ausgabe, prima edizione, primera edición]
1/156 exemplaires sur vélin pur fil Lafuma-Navarre numérotés de 37 à 192
[Cet ouvrage a été achevé d'imprimer sur les presses de l'Imprimerie Floch à Mayenne le 29 septembre 1967. Dépôt légal : 3e trimestre 1967. N° d'édition : 12843. (7646)]
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Table :
Vers ma quinzième année. (p.11).
Viatiques… (p.15).
Un train… (p.28).
La nuit de Vénoves. (p.43).
La maison Lopy. (p.99).
Roqueselve. (p.191).
Fumées domestiques. (p.263).
" J'ai raconté en trois volumes pas mal de souvenirs d'enfance dont personnages et événements sont authentiques. Et puis, j'ai décidé que je m'en tiendrai là. Devant mon adolescence vécue, j'ai dit non. À quoi bon en parler ?... Elle a été banale. Je n'y retrouve rien qui puisse m'émouvoir l'esprit, me troubler le coeur. C'est le vide. Mais voilà ! Malgré tout, un vide attire, même banal. C'est pourquoi à la fin j'ai eu envie de continuer à parler, fût-ce d'adolescence... Ne pouvant tirer de la mienne rien qui fût animé du moindre sortilège, je m'en suis inventé une autre. J'ai imaginé une adolescence à mon goût, sans doute celle des désirs profonds. Ainsi mon compagnon de songes c'est moi, moi tout de même, moi toujours affrontant d'étranges aventures qu'à quinze ans je n'ai pas connues mais que je viens de connaître... Henri Bosco. " (Source : Gallimard)
" L'autre mur, comme tant de murs, m'avait attiré par ses propres richesses, sa végétation, ses bêtes, ses pierres. Si celui-ci avait aussi les siennes, son attrait provenait surtout de ce qu'il me cachait. Et c'était un attrait plus fort. Sur sa paroi un lierre noir avait sauvagement multiplié et enfoncé ses branches. Elles l'étouffaient. On n'y voyait plus une pierre, mais ces rameaux nerveux, ce feuillage clos. Il était d'une hostilité inexorable. La plante s'y montrait plus dure que la pierre. Pour que pût exister un tel obstacle, il fallait qu'une volonté humaine y eût mis la main. Il semblait incroyable même qu'on pût, en s'aidant de ces branches, se hisser jusqu'au faîte. Et j'imaginais de longs serpents noirs immobiles au fond des feuillages. Cette image me glaçait le sang. Je me disais : " C'est un mur de malédiction. " Il m'attirait quand même. Que dis-je ? Il m'attirait à cause de cela... Je pensais : " S'il est si hostile c'est qu'il garde quelque trésor. " A l'âge que j'avais, je croyais encore un peu aux trésors sur lesquels veillent, nuit et jour, des monstres assoupis mais qu'un rien peut tirer de leur sommeil... Le mur était ce monstre. Il me faisait peur. Et j'avais cependant envie de le franchir. Telle est ma nature. Elle est à la fois craintive et curieuse. Dès que j'ai peur, je marche vers ma peur aussi vite que possible et tout droit. Étrange besoin de la tirer au clair pour qu'elle cesse, mais elle ne cesse jamais, et j'avance quand même. Ce n'est pas du courage - car j'en ai peu - mais la poussée d'une force profonde à laquelle je cède. Tout d'abord je commence par rêver. J'imagine des dangers obscurs. J'en soupçonne tant et de si étranges que je n'oserais pas les affronter si cette rêverie en s'approfondissant n'emplissait bientôt ma pensée jusqu'à y abolir toute idée raisonnable. C'est alors que surgit en moi ce monde intérieur qui sommeille sous les banalités de ma vie mentale ordinaire, et si je ne sais d'où il monte, il faut bien que ce soit de l'ombre, là où s'alimente en secret, dans les mystères de mon sang, cette puissance qui à tous moments peut substituer aux objets concrets qui m'entourent un monde fluide et fascinant qui, parmi les songes qu'il crée, fait aussi de moi une sorte de songe. " (Henri Bosco, Mon compagnon de songes, p.144-145)
[édition originale, first edition, erste Ausgabe, prima edizione, primera edición]
1/156 exemplaires sur vélin pur fil Lafuma-Navarre numérotés de 37 à 192
[Cet ouvrage a été achevé d'imprimer sur les presses de l'Imprimerie Floch à Mayenne le 29 septembre 1967. Dépôt légal : 3e trimestre 1967. N° d'édition : 12843. (7646)]
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