locc23231 - Correspondance Gorki Tchékhov présentée par Jean Pérus GORKI - TCHEKHOV
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Auteur : GORKI - TCHEKHOV
Editeur : Éditions Bernard Grasset, 61, rue des Saints-Pères, VIe
Etat du livre : Livre ancien en bon état de conservation
Langue : français
Caractéristiques : Paris, 1947, broché, in-12 de 184 pp., exemplaire numéroté IX
Poids : 200 g.
Commentaire
" 15. M. Gorki à A. Tchékhov. Je crois comprendre votre état d'esprit à la lecture des lettres de Pétersbourg. Voyez-vous, le vieux me fait de plus en plus pitié; il a l'air d'avoir complètement perdu la tête. Et pourtant il a le moyen d'effacer, mieux, de racheter toutes ses fautes, volontaires et involontaires. Ce serait facile avec le talent et la plume qu'il a ! Il suffit d'être sincère, largement, à la russe, de toute la force de l'âme ! Nous aimons tous à nous repentir, et nous aimons écouter le repentir des autres ; il n'y a qu'à crier : eh bien oui, j'ai tort ! J'ai tort, je me repens ! Mais est-ce à vous de me juger ? Est-ce à vous de me couvrir de boue ? C'est devant moi-même que je crie ma faute, mais non devant vous, esclaves de votre sainteté ! Vous êtes des âmes méprisables, de pauvres petits froussards, et si vous ne vous êtes pas trompés, c'est seulement que vous passez votre vie dans la peur, fût-ce de la possibilité d'une erreur. Quand vous avez conquis une petite place dans la vie, une misérable tribune, c'est pour y faire adorer vos vertus, et non pour y combattre et condamner le vice. Voilà ce que j'aurais fait, bon dieu ! Je me serais déchiré le coeur sans pitié, mais j'aurais éclaboussé de mon sang les joues de bien des gens. Et j'y aurais allumé des taches ignominieuses, car je ne les aurais pas épargnés. Il n'y a nulle part autant de brigands et de bandits repentis que chez nous - que le vieux ne l'oublie pas. J'aurais voulu trouver les mots qu'il faut pour vous aider, et j'aurais payé cher pour pouvoir le faire, mais je n'en suis pas capable. Et que dire ? Vous faites de lui plus de cas que tout le monde, peut-être même vous est-il cher. Cela vous fera de la peine sans aucun doute - mais dites-lui adieu ! C'est peut-être cruel, mais si vous pouvez, abandonnez-le. Laissez-le à lui-même - vous, vous devez vous préserver. De toute façon c'est un arbre pourri - en quoi pouvez-vous l'aider ? Il n'y a qu'un mot charitable qui puisse aider des gens comme lui, mais si pour un mot gentil il faut se faire violence, il vaut mieux se taire. Dites-lui adieu, vous dis-je. Il me semble que je n'ai pas écrit ce que je pensais, ni comme il fallait. J'ai grande envie que tout cela finisse au plus vite, par amitié pour vous. Ici le public est révolté de la mort de l'étudiant Liven, qui s'est brûlé en prison. Je le connaissais et je connais sa vieille mère. On l'a enterré avec pompe, on a fait de la cérémonie une manifestation. Une foule énorme a suivi le cercueil en chantant tout le long du chemin. Notre gros malin de gouverneur n'a rien empêché et tout s'est terminé parfaitement. L'indignation s'est déchargée dans le vide. " (Correspondance Gorki Tchekov, p.39-40)
[Lettre 15 : " Le Vieux " : Souvorine. Cf. lettre 12 et note. Bounine I. A. (né en 1870), est entré dans la littérature en 1888. Il était très lié avec Tchékhov et avec Gorki à qui il dédia la " Chute des feuilles ". Depuis la révolution d'octobre, Bounine vit en France, où une partie de ses oeuvres a été traduite et éditée (Éditions Bossard, Émile-Paul, Stock).]
[édition originale de la traduction française]
1/42 exemplaires sur Alfa, numérotés Alfa 1 à 30 et I à XII, seul grand papier
[La présente édition (1er tirage) a été achevée d'imprimer le 21 novembre 1947 par l'Imprimerie Floch à Mayenne (France) pour les Éditions Bernard Grasset à Paris. Numéro d'édition : 392. Dépôt légal : 4e trimestre 1947 (1374)].
[Lettre 15 : " Le Vieux " : Souvorine. Cf. lettre 12 et note. Bounine I. A. (né en 1870), est entré dans la littérature en 1888. Il était très lié avec Tchékhov et avec Gorki à qui il dédia la " Chute des feuilles ". Depuis la révolution d'octobre, Bounine vit en France, où une partie de ses oeuvres a été traduite et éditée (Éditions Bossard, Émile-Paul, Stock).]
[édition originale de la traduction française]
1/42 exemplaires sur Alfa, numérotés Alfa 1 à 30 et I à XII, seul grand papier
[La présente édition (1er tirage) a été achevée d'imprimer le 21 novembre 1947 par l'Imprimerie Floch à Mayenne (France) pour les Éditions Bernard Grasset à Paris. Numéro d'édition : 392. Dépôt légal : 4e trimestre 1947 (1374)].